lundi 29 juin 2009

Saudades..


Joli mot que celui ci.. La « saudade » est un mot portugais que l’on considère intraduisible dans nos chères contrées. On lui prête tellement de sens, mais je n’en retiendrai qu’un : mélange subtil entre nostalgie et bonheur tiré d’une tristesse, en formulant pour l’avenir un vœu plutôt bienveillant et optimiste. C’est en discutant avec un ami habitant le brésil que j’ai découvert son usage. Selon Fernando Pessao, c’est « la poésie du fado ». Selon d’autres, c’est aussi et surtout l’expression d’un sentiment fort lié à un possible mais non acquis retour au pays, ce qu’effectivement je ne suis pas encore à même de comprendre. Bref, quoi qu’il en soit, et aussi étrange que cela puisse paraître, ce mot me parle et j’aime à me dire que je lui parle également. Au regard de nos courtes vies, où nous n’avons pourtant pas trimé dans les champs de coton, nombreuses sont les déceptions et les remises en questions. Il est bien sûr égoïste de ma part de parler comme cela, je devrais donc rectifier pour être plus intègre : au regard de ma courte vie, ou je n’ai pas trimé dans les champs de coton. Voilà c’est dit. En écrivant ce petit texte, je me demande ou il me mène ; ça y’est j’ai trouvé. J’ai écrit quelque chose il y a quelques soirs, et cela ressemble à s’y méprendre à de la saudade (je précise que je n’essaie pas ici de monter un blog d’adolescentes émotives) :


J’ai du écouter cette chanson une dizaine de fois aujourd’hui. « Dance me to the end of love », de Leonard Cohen. Et soudain, une certaine et rare envie d’écrire. Concordant à l’ouverture du fichier (oui vous avez bien entendu, je n’ai pas dit « le moment où je prends la plume ». Drôle d’époque..), mon esprit fait le lien de manière éclaire entre la chanson et mon -court- passé. « Fais moi danser jusqu’à la fin de l’amour ».. cette phrase me paraît encore, des années après, si familière.. Fais moi danser jusqu’à voir ta beauté sur un air de violon se consumant.. cela résonnait tel un souvenir, comme quelque chose de si juste et en apparence si vieux jeu ; jusqu’à ce que je me rappelle -sortez les violons- avoir éprouvé la beauté d’une femme un soir d’avril, au cours d’une danse éclairée par quelque lumière tamisée, mais aussi,et surtout, par des violons que je me forcerais aujourd’hui à trouver larmoyants et résolument kitsch. Nos mains se joignant, nos corps au diapason avec la musique, les pommettes rougissantes et les yeux s’emplissant de larmes : le temps n’existe plus à ce moment précis. Ainsi, rythmé par la musique se lance et s’agite le ruisseau de nos amours, puis sans cesse grandit. Et c’est avoir la mémoire courte que d’oublier que l’on danse encore jusqu’au derniers souffle. Une fois nos amours consumés, la fin proche, une mélodie nous rappela que notre histoire devait finir là ou elle à commencé ; le souvenir de cette étreinte m’est au moins aussi fort que la première ; à la différence que nos pommettes rougissaient de désolation, nos yeux s’emplissaient de larmes de tristesse, et nos corps comprenaient que le désir les emportait ici pour la dernière fois, avant que le courant jette notre tumultueux flot dans la mer, belle et grande inconnue.


Bien sûr, il est fort indécent de s’épancher sur ses petites tristesses quand d’autres se demandent comment manger. Cependant, le désenchantement ambiant qui, bon gré mal gré, m’anime, ne me fera pas oublier ces quelques moments d’éclaircies qui fon(den)t la vie d’un homme ; et dont la « saudade », appelez cela comme vous voulez , semble permettre d’en tirer les plus riches conclusions.


Gog'

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire