mercredi 14 octobre 2009

De l'art d'être hype

De la même manière que l'on fait la meilleure soupe dans les vieux pots , la hype moderne ne saurait l'être sans une certaine connaissance - ou utilisation outrancière et peu documentée - de références mettant tout le petit monde d'accord. Ainsi, commençons par une citation d'Ingmar Bergman : "Aucun art ne traverse, comme le cinéma, directement notre conscience diurne pour toucher à nos sentiments, au fond de la chambre crépusculaire de notre âme". Bergman était cinéaste , je n'ai vu absolument aucun de ses films ; néanmoins Télérama et les Inrocks semblent m'indiquer que c'est un grand cinéaste (info recroisée grâce à Wikipédia). Bref, utiliser cette phrase en société, si possible devant un certain nombre de personnes, me permet assurément de me gausser de ma culture, quand bien même celle ci serait davantage wikipediesque que le fruit d'un travail de rat de bibliothèque. Infiltrer les réseaux de la "hype moderne" suppose généralement d'aspirer à en être, ou d'en faire déjà partie. Cette catégorie - à mon goût subtile - ne saurait intégrer que les meilleurs d'entre nous qui : regardent Canal+, portent des chemises à carreaux (à quelques nuances près , les mêmes qu'il y a 20 ans), lisent le Monde, écoutent de la musique "chimique", possèdent un i-phone, connaissent sur le bout des doigts leur cinéma français 60's - 70's ou font semblant; parmi d'autres. Mais, là ou les choses se corsent, c'est que des objets nettement plus banaux peuvent eux aussi être "hype" : j'ai rappelé le à ce titre le port de la chemise à carreaux, mais ressortir le portemonnaie vintage malgré lui de sa grand mère n'est pas sans intérêt. Ainsi , dans l'art de faire du neuf avec du vieux - et l'on pourrant multiplier les exemples à l'envi - réside aussi la construction de sa propre hype. Vous pourrez, à ce stade, m'objecter que "hype" peut s'apparenter à "bobo" : que nenni ! Le hype est bien dans l'air du temps , et à compris que le Mc Do reste le sommet de la hype , à la différence du bio et du café équitable, pour ne citer qu'eux. Au final , le hype présente un quadruple intérêt : Impressioner le quidam , s'impressionner soi même en retour , faire partie de la "famille" (si les francs maçons se "grattent" la main discrètement quand ils se reconnaissent, la tribu des hype échange et teste les connaissances de chacun tout en subtilité), et ma foi, trouver une "hypette". C'est ici que le bât blesse : la hypette préfère généralement se faire débarouiller par un malpropre plutôt que d'entendre Jean Eudes s'épancher la crise de l'existentialisme qu'il a remarqué dans le bouquin "sous acide" de Gilles Deleuze.

Des jeux à somme nulle.


Finalement des travaux sur l’enfance auraient montré que nos petites têtes blondes jouent trois types de personnage en fonction de l’environnement familiale de leurs premières années. D’abord la posture de l’agresseur, prompte au vol de bicyclette à moteur, et à l’incendie de poubelle ; la victime qui cherche en son âme intérieur les brimades de ses camarades pour exister, et enfin le redresseur de tord; emmerdeur né qui trouve encore classe de porter un slip par-dessus ses vêtements.



C’est beau et ça fonctionne d’autant mieux qu’on retourne toujours à l’équilibre : je viole ta femme, action que tu désirais ardemment d’ailleurs espèce de malade, mais comme finalement y a une justice un chevalier masqué se charge d’émasculer la cause de tant de souci… Jusqu’à ce que la spirale recommence, ou que les comités d’entreprises envoient davantage de voyous disputer des tournois de boxe en Thaïlande.



Le propre de la justice c’est bien cela : sanctionner les connards, et réhabiliter les victimes. Il est pourtant des cas purulents, malsain comme l’évier d’une colocation masculine qui ne connaissent que trop rarement l’opération nettoyage pourtant bien mérité. Le rôle du redresseur de tord est utile, mais sa mission est salissante, et il est des fois où il n’y a rien à gagner à plonger ses mains dans la crasse : grand est le risque de casser de la vaisselle, quand en parallèle on se plait aussi parfois à attendre avec patience et délice le spectacle de la catastrophe annoncée.


Car non, la vie n’est pas toujours qu'un jeu à somme nulle.