Salut à toi demoiselle ou mâle fan ou non de hip-hop. La galanterie est un art de vivre, c’est pourquoi je laisse toujours passer les dames d’abord. La femme ne porte pas la burka dans ma philosophie, elle pense et respire librement, elle sort à sa guise, elle a le droit de me refuser un rapport sensuel. Le rap moderne relève-t-il de cette même philosophie, égalitariste, altruiste, voire philanthropique ? En d’autres mots, le rap moderne est-il moderne, au sens humain – et occidental - du terme ?
Du haut de mes 23 printemps, et faute d’une culture générale suffisante, je ne compte ni faire de rétro-encyclo de cet art urbain et prolétaire, devenu planche à billets de l’industrie du disc par un mouvement de démocratisation à rebrousse-poil, Wikipédia est la pour ça. Ni porter de jugement objectif, encore moins scientifique et exhaustif. A chacun sa vérité. Je m’exprime donc en simple amateur, régulièrement interloqué, rarement impressionné, par ce qu’il entend.
C’est qu’il est très difficile d’apprécier la qualité du rap, car, pour faire simple, il se compose de deux ingrédients simples, mais confus. Un bon rap, c’est basiquement une douce mélodie rehaussée d’une grosse Bass à l’ancienne - un bon « Bit » -, combinée à des textes ni haineux ni narcissiques et bien posés - un bon « Flow ». Si l’aspect sonore est souvent correct, la partie texte est malheureusement trop souvent bâclée – c’est d’ailleurs pourquoi, compte tenu d’un piètre niveau d’anglais, j’adore le rap us. Par exemple, le slam est à la mode et le contenu littéraire y est effectivement plus consistant –loin d’être indigeste pour autan – que le hardcore, mais qu’est ce que c’est mou ! A l’inverse, le hardcore est sans doute plus boostant musicalement parlant, mais qu’est qu’ils débitent comme absurdités !
Slam, hardcore, conscient rap, jazz hip-hop, bling bling etc., les sous-genres multiples - et variables - ne font qu’embrouillarder davantage la perception du music addicted. A la manière des USA, berceau du genre, qui opposent East Coast et West Coast, on pourrait dissocier Nord et Sud, Paris et Marseille, Blacks contre Arabes en l’occurrence. Si c’est pour assister à des battles Gueko Vs Soprano ou pire encore La fouine Vs Beretta, je donne ma langue au chat, je ne tiendrai pas un round.
Parlons-en de Beretta tiens ! Rien que son blaze ne colle pas avec l’idée que je me fais de l’art. L’art c’est la vie, pas la mort. Qui plus est, cher Arme à feux italienne, si tu me lis, sache que si tu t’étais appelé « Machette » ou « Sabre », j’eus compris, en dépit d’une phonétique moins bandante comme d’une symbolique moins rassurante. Mais là, Beretta, pardon pour les clichés, mais ça sonne plus Eglise Catholique que Mosquée ! Enfin, pour mettre à mal certaines idées reçues largement véhiculées par les médias et les rappeurs eux-mêmes, il n’y a empiriquement que très peu de vrais calibres (du type Kalachnikov, Famas voire grenades ou encore lances roquettes), dans ce qu’on nomme couramment les « cités » - à des lieux de ladite grecque soi dit en passant. Surtout des grenailles et des armes blanches. Bande de « hagras », vous faites quand même petits bras à côté de la Camorra !
Simplifions nous la vie par une nomenclature maison ternaire, non condescendante et caricaturale.
Ainsi, Seth Gueko, Booba, La Fouine et Bougnoule Smala pour citer de belles raclures à la lyonnaise – spécial dédicace to Tassin Ménival - etc. forment la catégorie des « inconscients illettrés écervelés » Cette liste aurait pu accaparer trop de place si j’avais forcé un peu. No comment, même s’ils font bien marrer ces clowns à moitié forains.
Rhoff, Sefyu, Brasco, Psy 4 de la rime et Sniper pour faire taf-taf, ce serait les « platoniques insipides», c’est déjà mieux.
Enfin, Akhenaton et Kery James, faute de mieux, forment la catégorie des « anciens », ceux que t’as envie de demander sur ton Facebook, ceux qui te mettent vraiment la trik – 69 en force ! pfffff ! - des cabochards qui en ont dans la caboche, pour reprendre un terme « néochromien » - ne m’en voulez pas si j’invente des mots, le sujet s’y prête.
J’en viens à ma vision du rappeur, qui revêt théoriquement plus l’habit d’anthropologue observateur, méthodologie et recul en moins, que le costume jaune du bagnard, fraîchement libéré, la haine dans les veines, non pas ruisselante mais coulant à flots, comme le Ric’ dans nos soirées.
« On s’exprime, excuse nous si chez nous le texte prime ». Cet extrait de la Scred Connexion – de Besbar non pas barbare - révèle un malaise profond au sein même du milieu - comprenons ici le petit monde du rap, non pas la pègre, n’en déplaise à Don Corléone ! Comme pour les autres styles de musique ou la littérature, la valeur purement artistique d’une œuvre peut-elle s’apprécier au succès commercial – entendons ici abrutissement général des masses, visiblement aux goûts de chiottes pour ne pas se taper la tête contre les murs à l’ouïe de certaines mix tapes.
En bons citoyens, bien formatés par les institutions éducatives entre autres, auxquelles je ne reconnais comme seul mérite que de développer un esprit critique pointu et non connivent, le tout sur fond d’esprit de contradiction ne l’oublions pas, nous sommes en droit de nous interroger sur ce que peut ou doit dire un rappeur. Quels thèmes peut-il aborder ? Tous les problèmes sociaux. Exclusion et misère, frustration et hargne qui en découlent, nourrissant une soif intarissable d’oseille - je ne parle évidemment pas du fruit ! - et de reconnaissance. De n’importe quelle manière ? Le nœud du problème est bien là ? Par exemple, Sniper n’aurait-il pas pu dire « la France est vache » en lieu et place de « la France est une garce » ? Cela éviterait le tollé de parlementaires ayant d’autres chattes à fouetter, et par là même toute forme de censure ne faisant que stigmatiser une populace portant déjà les stigmates de la ghettoïsation.
La problématique du verbe choisi, de l’expression employée, par conséquent du signe véhiculé, renvoie à la question de l’essence même du hip-hop. Empreint et relais d’une culture banlieusarde un soupçon violente et indigène – mais pas que - le rappeur ne peut-il user et abuser que d’argot mixé à de l’arabe ou du verlan, de banals jurons accompagnées de propos racistes envers les hôtes colonisateurs et l’intelligentsia? Je ne le pense pas. Car si le rappeur se foule le poignet pour noircir son calepin, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne se foule que rarement le cerveau, souvent déjà bien amoché par les quantités astronomiques de haschich consommées, sois disant sources d’inspiration. Il est vrai que le cannabis n’est pas réputé pour féconder les neurones, il les avorte avant qu’ils ne se régénèrent. Le tout conjugué à une ignorance déconcertante de la langue française - faute de capital culturel pour citer un célèbre Pierre - ainsi qu’à un mode de vie quelque peu primitif où le plus bête et méchant a tendance à l’emporter, cela explique en partie la rareté des textes dépassant les 100 mots de vocabulaire, articles, pronoms personnels, et conjonctions de subordination compris.
Si le MC ne peut se permettre de disséminer la haine et la bêtise mentale, c’est que son statut lui procure d’office un respect qu’il n’est par conséquent contraint de conquérir sur le même terrain, avec le même vocabulaire et les mêmes mimiques. Son rôle d’éducateur, il l’a souvent délaissé dans sa cave, abandonné à une épaisse et opaque couche de poussière puante de sperme. N’est ce pas Seth ? Attaque à coup de patates, je riposterai à l’encre de Chine sans rechigner. Kery le repenti dénature-t-il son art en censurant volontairement certaines palabres type « nique ta mère », les remplaçant par des formules plus audibles ; en troquant les traditionnels angles d’approche d’une pauvreté innée et subie par les innombrables exemples de réussite oubliés ; en omettant non sans hasard de vilipender l’une des plus belles république au monde ? Ne lui rend-t-il pas plutôt ses lettres de noblesse ?
J’aurai du arpenter des chemins moins grisants, par une critique positive du bon rap, mais j’eus été hors-blog à défaut d’être HS.
Certes, "la critique est facile, l’art est difficile". Mais à quand le véritable « retour du rap français », si l’on peut parler d’un retour ?
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